lundi 3 mai 2010

Praktica BC1

Bonjour, c’est non sans nostalgie qu’aujourd’hui je vends mon premier appareil photo argentique. Cet objet symbolise à lui-même mon émancipation artistique survenue aux premiers moments de mon adolescence.

Il est commun de penser que n’importe quel enfant dans ce pays (pays des droits de l’homme…) possède une chance égale face à l’accès à la culture et l’expression artistique, mais malheureusement ce ne fut pas mon cas. Je nourrissais de grands complexes face aux enfants de médecins, avocats ou de chefs d’entreprise. Ces derniers étaient élevés avec les derniers CD-ROM et de beaux ouvrages encyclopédiques.

Je me souviens dans la cour de récréation quand arrivait le temps d’échanger sur nos loisirs, je vivais un malaise. François, une personne de ma classe, nous parlait de sa dernière peinture à huile qu’il venait de terminer et comment il allait être exposé dans la catégorie « Pointillisme » du concours « Attention jeune talent ! » organisé par le musée d’Orsay. Ma souffrance n’était pas encore terminée quand j’ai du subir son exposé sous les regards émerveillés de mes camarades de classe. Ensuite, c’était au tour de Mathilde de faire la maligne, en nous démontrant ses nouvelles combinaisons apprises au Ballet, tout en faisant de petits sourires débiles. Elle nous parlait aussi de comment elle avait briller au concours académique Austro-Hongrois le week-end passé. Le coup final fut quand elle a décroché une bourse pour intégrer l’école de danse de Maya Plitsetskaya à Berlin.

À ce point, j’étais en mille morceaux. Je savais qu’au fond de moi, j’avais quelque chose de spécial, un esprit qui réagissait avec un temps d’avance, une sensibilité qui me permettait de ressentir, voir des émotions et des scènes de vie que mes camarades ne voyaient pas; une fibre artistique quoi.

Lors d’un WE chez mes grands parents, je suis tombé sur un vieil album photo de mon grand Oncle Simon. Les photos étaient prises à partir des années 50. J’ai du passer toute l’après-midi à feuilleter l’album, à voir des photos des premiers chanteurs de reggae venus de Kingston et des portraits de gens qui ont marqués les années psychédéliques de San Francisco.

Le soir, lors du repas, je demande comme cadeaux un appareil photo reflex pour intégrer le club de photo du collège. On m’offre l’appareil que je vends aujourd’hui, qui d’après les experts est la meilleure machine pour débuter en photo, c’est un Practika BC1, il est en parfait état de marche, le boîtier est robuste et l’objectif donne des résultats vraiment jolis. Les photos possèdent cette tonalité de lumière allemande extraordinaire, semblable aux photos prises par Andy Warhol dans les années 70.

Une fois que j’avais trouvé ma voie, j’ ai intégré le club photo du collège. Dès le premier cours, je subissais les regards condescendants des autres membres. Cela ne m’affectait pas, je n’avais envie que d’une seule chose, c’était d’écrire avec la lumière!

Dès le rendu de mes premiers travaux, il se produit une effervescence autour de mes photos. Une pluie de louanges s’est abattue sur moi. On me compare à Richard Kern. Mon professeur exulte mes prouesses au niveau de la composition d'image, de l'éclairage, de l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement. Il voulait sans cesse passer ses pauses avec moi m’empêchant de profiter de ma nouvelle célébrité auprès de mes camarades. Lors du module : «le géni créatif », mon professeur d’arts plastiques dit à la classe : Faites comme Marc, montrez la vie telle qu’elle est: à la fois drôle et triste, grotesque et magnifique, et violente.

J’étais devenu la nouvelle sensation du collège: mes camarades copiaient mon style vestimentaire (foulard, veste saharienne, desert boots et ceinture tressée), fumait la même marque de cigarettes, des Parliament. Comme moi, ils se mettaient à boire du thé et lire la presse quotidienne pensant trouver les mêmes sources d’inspirations que les miennes.
Le coup de grâce arrive quand mon directeur annonce au conseil de classe qu’il venait de recevoir une lettre de l’école des arts de Caroline du Nord m’offrant une bourse d’études.

Voilà, que vous dire de plus si ce n’est de vous souhaiter les mêmes expériences avec cet appareil photo si spécial.

Joyeuses Enchères

1 commentaire:

  1. Cet appareil m'intéresse énormément, de plus son histoire est magnifique ! J'ai 16 ans et Je débute dans la photo cette année, j'ai déjà un appareil reflex (Nikon D5000), mais je trouve les effets des vieux appareils magnifique ! Est-il toujours en vente ?

    emmacarava@hotmail.com -> ecrivez-moi si c'est le cas, je suis vraiment interéssée par ce bel appareil photo argentique !

    Emma

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