jeudi 13 janvier 2011

Chaussures Adidas London - taille 43

Bonne année à tout le monde. Une nouvelle année, c’est le moment de faire le bilan. Premier constat: “J’ai des problèmes de place dans ma panderie en ce moment”. Malheureusement, c’est un crève-coeur, mais je suis obligé de me séparer des chaussures de collection que je vends aujourd’hui. De plus, sur l’échelle de l’émotion, elles représentent beaucoup pour moi. Elles m’ont permis de sortir d’une sale période au lycée lorsque je vivais en Bourgogne en créant un nouveau courant musical.

En effet, souvenez-vous, surtout si vous avez vécu en Bourgogne à la fin des années 90, c’était un cauchemar, une galère, un enfer comme vous n'en avez jamais vécu. Le groupe le plus populaire du lycée, ceux qui pratiquaient des loisirs onéreux comme le skate-board ou du VTT-descente, était adepte de groupes comme Sensimilia, le Peuple de l’herbe ou la Ruda Salska. Ils se laissaient pousser des dreadlocks et consommaient des narcotiques à l’intérieur de l’établiessemnt juste pour l’allure, pas parce qu'ils aimaient l’effet. Bref, ce courant s’est trés vite répandu à toute la région, c’était devenu un fléau. J’étais entourré de hippies bourgeois qui se prenaient pour des rebelles, tout en dégageant une très mauvaise allure: élastique pour attacher les dreads, jean flottant et chaussures de skate, et oui un t-shirt de Ben Harper évidemment, j’allais oublier... Souvent un de ceux dont les parents étaient ingénieurs avait une Golf d’occasion. Étant nouveau au lycée, j’avais besoin d’être entouré de gens avec qui j’avais des affinités et qui partageaient le même point de vue que moi en terme de musique et d’esthétique. J’étais très mal dans ma tête, j’avais besoin d’agir.



À l’époque, j’écoutais des groupes comme Mogwai, The Orb, Neutral Milk Hotel, My Bloody Valentine, Slint et DJ Shadow évidemment. Leurs univers me correspondaient. Je n’étais pas le genre de garçon à vouloir me créer des ennemies, je souhaitais juste influencer les gens sur mes courants de pensés pour leur bien, mais comment faire sans un réseau de collaborateurs? J’ai pris le temps de réfléchir pendant les longs trajets de transport scolaire et j'ai décidé de tout miser sur mon apparence pour créer de l’étonnement et susciter la curiosité. J’ai donc commencé par les chaussures. Au cours de l’été 1999 à Brighton, j’avais reussi à mettre la main sur une paire d’Adidas London éditées à très peu d’exemplaires. La seule fois que je les ai vues portés, c’était par des musiciens de rock indépendant dans le Sussex. Je ne les ai jamais revues depuis.



J’arrive donc au lycée le lundi matin vêtu de mon premier accoutrement: veste Fred Perry, jean coupe classique et les chaussures que je vends aujourd’hui. Et là, comment vous expliquer? Des agitations se sont développées autour de moi, les gens se servaient comme prétexte de me complimenter sur mes chaussures pour essayer de créer des liens d’amitié avec moi. J’ai réussi à enfin avoir des amis fils de médecin et architectes qui voulaient partir en vacances avec moi, les caïds du lycée m’invitaient à dîner chez leurs parents, pendant mes cours de guitare à la MJC mon professeur me demandait de préparer des partitions pour la leçon suivante, les parents d’élèves soulignaient ma bonne influence sur les enfants lors des conseils de classe. Bref, vous avez compris, ces chaussures m’ont servi d'ascenseur social pendant ma jeunesse.

Il vous arrivera sûrement la même chose. Je vous souhaite de joyeuses enchères.

1 commentaire:

  1. Sur un plan personnel je ne comprenais pas les paroles de sinsemilla.
    Ni sur le fond. Ni sur la forme.

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